Cette semaine, La Tribune des travailleurs alerte sur la pénurie de soignants en pédiatrie, qui met en danger la santé des enfants.
Le journal publie également l’interview du Pr Stéphane Dauger, président du collectif interhôpitaux et chef de service de la réanimation pédiatrique de l’hôpital Robert-Debré à Paris.
Extraits de cette interview (1)
Dans quel état est aujourd’hui la pédiatrie hospitalière en France ?
(…) La spécificité de la pédiatrie par rapport aux autres spécialités n’est plus prise en compte par le gouvernement. Or, la pédiatrie hospitalière en France, c’est à 85-90 % l’hôpital public. S’il est à genoux, c’est toute l’hospitalisation pédiatrique qui est à genoux.
(…) Des enfants et des adolescents ont dévissé durant les différents confinements. Ils ont besoin de l’hôpital public, sans aucune autre structure d’accueil. Et de lits surtout et de personnels compétents, pas de médecine ambulatoire (…)
Et pour les enfants que vous soignez ?
Les enfants aussi ont des maladies chroniques nécessitant des approches diagnostiques et thérapeutiques fréquentes. Ce sont eux qui souffrent le plus. On en est à décaler des bilans, des examens, des consultations d’évaluation ou de suivi, des actes médicaux ou chirurgicaux sur des enfants. Recevoir un nourrisson de 3 mois, ce n’est pas pareil qu’un adulte. Seuls des structures et des personnels spécialisés peuvent le faire en sécurité (…).
Un lit sur cinq est fermé dans les hôpitaux. Quelles en sont les conséquences ?
(…) En pédiatrie, il y a aussi des médecins qui s’en vont. Certains services ne peuvent plus donner des soins de qualité. Il y a un écart entre ce qu’on apprend à nos étudiants et ce qu’on peut faire en pratique. Si cette politique continue, les conséquences pour la santé publique vont être lourdes et durables. Les séquelles chez les adultes de tout ce que nous n’aurons pas pu bien faire chez les enfants seront majeures, tant individuellement que pour notre société.
Comment rétablir l’hôpital public ?
(…) Il faudrait que nous rapportions notre vécu à la population. Il faut informer et documenter, dresser l’état des lieux des lits ouverts et fermés. Il faut absolument que les citoyens se rendent compte des difficultés actuelles et surtout à venir. Il n’y aura bientôt plus personne pour s’occuper de leurs enfants « selon les règles de l’art ». Les mobilisations permettraient d’avancer (…). Il faut lancer l’alerte bien que tout cela soit extrêmement difficile dans ce contexte de difficultés économiques qui touchent une grande partie de notre population. Nous ne baisserons pas les bras.
(1) On peut lire l’intégralité de l’interview dans La Tribune des travailleurs n° 314 (10 novembre).
Pour répondre aux besoins urgents des patients et des soignants, pour répondre notamment à la situation dramatique de la pédiatrie hospitalière, il faut embaucher massivement dans les hôpitaux. Et pour cela, il faut réquisitionner les 600 milliards d’euros offerts par le gouvernement aux capitalistes depuis le début de la pandémie.
Réquisition qui pose la question de la rupture avec la politique d’étranglement budgétaire menée depuis des années et celle de la rupture avec la politique du gouvernement Macron-Véran.